André Beuchat

André Beuchat, né en 1956, passe son enfance à Neuchâtel, en Suisse.  Ancien élève de l’Ecole Supérieure de Commerce à Neuchâtel, en 1976 il part pour Rome où il découvre et étudie de près les grands maîtres du passé. En 1978, il séjourne à Florence et fréquente l’Institut d’art Palazzo Spinelli, suit un cours en restauration de peinture et un cours de céramique. C’est dans cette ville que murît en lui le désir de se vouer à l’art. Deux ans plus tard, il s’établit en Italie, se marie et ouvre à Fidenza (Parme), un atelier de céramique et de peinture. En 1986, il s’inscrit à l’Ecole Internationale de la gravure à Venise où il apprend les différentes techniques chalcographiques.

En 1992 il s'établit à Toccalmatto de Fontanellato, près de Parme, dans un petit domaine de campagne.
En 2005, il crée l'Atelier Alma Charta, maison d'édition où collaborent écrivains et poètes. Livres et cahiers d'artistes sont réalisées en éditions limitées et tirés sur d’anciennes presses à bras; ils présentent des textes composés en caractères mobiles et des gravures originales.
 En 2013 et 2015, il organise à Parme le Salon "Liberbook", manifestation internationale du livre d'artiste et de l'estampe.
 Son corpus chalcographique compte plus de 700 cuivres gravés. 
Il expose régulièrement en Italie et à l'étranger.

Son travail est représenté dans des collections publiques et privées (Musée d'art et d'histoire de Delémont, Musée d'art de Neuchâtel, de la Ville du Locle, Fondation Le Grand Cachot, Cabinet des Estampes à la Bibliothèque Nationale de Paris, Cabinet des Estampes Bertarelli à Milan, Bagnacavallo, l'Albertina de Turin, de Vevey,  Bibliothèque Villa Sormani Milan, Bibliothèque nationale à Berne, Bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne et de Neuchâtel, Bibliothèque royale de Hollande, Green Library à l'université de Stanford.

André Beuchat

à propos

Christine Moissinac

Cette toute nouvelle galerie (Galerie Anaphora) a consacré une exposition entière à André Beuchat : l’ensemble, une trentaine d’œuvres, était saisissant, car faisant apparaître un univers à la fois mystérieux, onirique, décalé et parfois
plein d’humour. Hommes perdus dans des labyrinthes obscurs, arbres absurdement plantés, processions immobiles, portes n’ouvrant sur rien… Chaque estampe, impeccablement réalisée, dit une histoire, souvent triste, mais jamais désespérée. Tous les détails comptent, font appel à l’imagination, et parfois provoquent le sourire.

Jean-Louis Vidal

La quinzième édition du Salon Pages qui s’est tenue à Paris du 23 au 25 novembre à l’Espace Charenton, a une fois encore témoigné de la diversité et de la vitalité des créateurs et des éditeurs de livres d’artistes. Parmi de très nombreux exposants de grande qualité, l’Atelier Alma Charta d’André Beuchat alliait de façon exemplaire l’amour de la littérature, la recherche typographique et une remarquable maîtrise de la gravure.

André Beuchat, établi en Italie près de Parme, aime passionnément les textes, aussi éclectique qu’exigeant dans ses choix, sollicitant aussi bien les textes sacrés que les philosophes grecs, les auteurs classiques français que les poètes italiens contemporains avec lesquels il collabore régulièrement. Chaque chose a son temps met en œuvre les cinq premiers versets du chapitre III de l’Ecclésiaste, quand Murs fait appel à un beau texte de Constantin Cavafy. Les collections Demi lunes et Cahiers mystiques convoquent notamment Boileau et Chénier, Saint-John Perse, Valéry ou Borges.

Mais André Beuchat n’a pas pour fin de donner un écrin à cette matière littéraire prestigieuse. Si les ouvrages qu’il réalise sont à l’évidence de beaux objets sobres et raffinés, si poèmes ou aphorismes on été pour lui source d’émotion créatrice, c’est en réalité par un dialogue avec l’écrit, par une interrogation des soubassements thématiques et formels des textes que l’artiste parvient à un dépassement où se déploie son propre imaginaire. C’est alors, qu’en interaction avec la composition typographique, l’alchimie de la pointe sèche et de l’eau forte font surgir, avec toutes les subtilités et la légèreté des rêves, un univers de légende et de fable, de paysages et de scènes symboliques donnant, comme dans le splendide triptyque Intro terra, à « deviner au-delà » comme dit Baudelaire, nous faisant à notre tour éprouver le silence intérieur du créateur, ce que seule permet la poésie la plus authentique.

Jean-Louis Vidal

Pierre von Allmen

Les rêves imagés ou imaginés par André Beuchat proviennent tous dans ses gravures d’une même source : la vision personnelle et inaliénable d’un monde autre et à la fois universel. De cette volonté nettement avouée et révélée par les œuvres nées selon, découlent les œuvres insérées dans le Temps et l’Espace, voulues par l’artiste en prise directe avec ces deux contraintes qu’il assume fermement.
Ses gravures son nées d’un puissant souffle saisi à son origine : d’où leur caractère violent et passionné, le risque, couru par l’auteur s’identifiant instantanément au résultat se trouvant face à nos yeux étonnés, sans cesse.
Gravures idéales, par l’exaltation de la Nature, surtout végétale, où s’offrent ces sous-bois ombreux traversés de courant de lumière à flot, et où parfois affleurent les témoignages de pierres taillées ou polies par l’homme. L’humble présence devient le chemin par où l’on parviendrait à la lumière.
Dans les œuvres de pure imagination, André Beuchat modèle son univers de ressources étranges, mystérieuses. Il nous invite à parcourir ces plages remplies de vécu et à nous abandonner à la contemplation. La quête existentielle n’a pas d’autre vertu que de se confondre dans l’œuvre d’art menée, ici même, à la source d’émotion vraie.

Pierre von Allmen

Paolo Bellini

A travers des constructions imaginaires et des visions intimes, André Beuchat trouve son inspiration dans un monde serein et silencieux. C’est un monde étrange, fantasque où l’âme cherche à recréer la réalité de la vie. C’est un monde où toute présence parle un langage humain, réfléchi, pondéré, qui dévoile des vérités plus réelles que de simples apparences. Une des caractéristiques (non exclusive) de son œuvre est le recours à l’architecture. Il ne s’agit pas de descriptions de monuments (il suffirait d’un appareil de photo) ni de situations psychologiques, mais de masses architectoniques qui impressionnent par leur immobilité et leur grandeur. La vue partielle des monuments accentue les perspectives de profondeur et de hauteur, rappelant l’esprit de la cathédrale gothique : la petitesse de l’homme, le respect servile de la créature devant le temps qui passe, l’inéluctable certitude de monter toujours plus haut, par ces escaliers infinis qui reviennent dans plusieurs gravures.
Après les divers courants de l’art abstrait, après les témoignages anxieux de l’incommunicabilité, l’artiste témoigne par ses œuvres quelque chose de nouveau : il trouve son inspiration dans la valeur éternelle de l’homme qui naît, qui meurt et qui renaît.

Paolo Bellini

Joëlle Hauzeur

Dans le tracé à la fois vif, riche, florissant et puissant des œuvres d’André Beuchat, l’œil chemine volontiers dans un monde imagé et suggestif, avec le trait pour viatique. Il y voyage intensément: s’égare à l’envi dans une pénombre ou un fouillis échafaudé, prend de la hauteur, fuit, pour finalement venir s’aveugler aussi bien dans un blanc que dans un noir. Dans un rêve de matière, l’œil n’en finit pas de sonder le grand et le petit, de se poser dans l’intimité silencieuse d’un lieu ou de démesurément grandir avec les ouvrages. Les voyages sur le cuivre - la matière du graveur sur laquelle il évolue- s’éprouvent, longs, laborieux. Ils demeurent sans retour. Le graveur possède chaque fois le souci du détail et la force d’édifier. Dans son travail, que d’espaces à parcourir à partir du seul pont de vue circonscrit de l’image ! Images où s’accomplit si bien une unité de la vision et de la manière, de l’atmosphère et du savoir faire. De cette faculté imaginative emportante, source de visions poétiques, se créent des lieux ouverts, où diffère le temps et se dissipe l’espace en des lointains.

Joëlle Hauzeur

Joëlle Hauzeur

Par le tracé à la fois vif, riche, florissant et puissant des œuvres
d’André Beuchat, l’œil chemine volontiers dedans un monde
imagé et suggestif, avec le trait pour viatique. Il y voyage
intensément, s’égare à l’envi dans une pénombre ou un fouillis
échafaudé, prend de la hauteur, fuit, pour finalement venir
s’aveugler aussi bien dans un blanc que dans un noir. Dans un
rêve de matière, l’œil n’en finit pas de sonder le grand et le
petit, de se poser dans l’intimité silencieuse d’un lieu ou de
démesurément grandir avec les ouvrages. Les voyages sur le
cuivre – la matière du graveur sur laquelle il évolue –
s’éprouvent, longs et laborieux. Ils demeurent sans retour. Le
graveur possède chaque fois le souci du détail et la force
d’édifier. Dans son travail, que d’espaces à parcourir à partir du
seul point de vue circonscrit de l’image ! Images où s’accomplit
si bien une unité de la vision et de la manière, de l’atmosphère
et du savoir-faire. De cette faculté imaginative emportante,
source de visions poétiques, se créent des lieux ouverts, où
diffère le temps et se dissipe l’espace en des lointains.

Joëlle Hauzeur est une traductrice et relectrice, spécialisée dans
l’anthropologie et l’histoire de l’art, qui vit à Paris.